Une séance en pratique

Une séance en pratique

Selon le niveau de handicap de la personne, ses capacités résiduelles de s’exprimer de façon autonome, son milieu de vie, la pratique de la communication en facilitation va différer. Le facilitant s’adapte aux difficultés liées au handicap de la personne facilitée, qu’elles soient motrices, neuronales, liées à des troubles du comportement, des angoisses, ou autres. Afin de pouvoir y faire face, le facilitant doit avoir reçu une formation complète en communication en facilitation et bénéficier d’une solide expérience dans la pratique de la facilitation. De plus chaque praticien facilitant fera appel à différentes ressources qui lui sont propres. Il faut négocier dans chaque cas la meilleure formule pour chacun des partenaires.

Séances se déroulant dans un cadre institutionnel

Les séances de Communication Facilitée / Psychophanie se font le plus souvent à la demande et à la charge de la famille ou du tuteur de la personne qui ne peut s’exprimer oralement. Il peut parfois arriver que l’institution spécialisée, le home ou le centre hospitalier intègre ces séances dans l’accompagnement proposé à la personne.

Le rôle du facilitant est de bien définir le cadre de son intervention, à savoir :

  • Essayer de clarifier les attentes de la personne bénéficiaire.
  • Préciser les attentes de l’institution, du personnel d’accompagnement, de la famille.
  • Déterminer le temps de la séance et le rythme de l’intervention (hebdomadaire, bi-hebdomadaire, mensuelle, …).
  • Déterminer le lieu de la séance (chambre du résident, salle réservée pour la rencontre, atelier, …).
  • Décider conjointement avec le bénéficiaire et son entourage à qui les textes seront remis et sous quelle forme.

Le facilitant respectera le choix du facilité de ne pas transmettre le texte, si tel est son désir.

Il est de la responsabilité du facilitant que les textes soient clairement compris et ne soient pas interprétés hors du contexte de leur expression. Le facilitant est responsable de leur diffusion, selon ce qui a été convenu avec le bénéficiaire et son entourage.

Séances se déroulant à la maison

L’accompagnement à domicile englobe souvent une écoute attentive des préoccupations de la famille, proches ou parents. Le facilitant doit alors faire preuve de qualités de relation d’aide, son accompagnement ne se borne pas seulement à la séance de facilitation mais comporte également la dimension émotionnelle du bénéficiaire et de son entourage.

Le rôle du facilitant est de bien définir le cadre de son intervention, à savoir :

  • Essayer de clarifier les attentes de la personne bénéficiaire
  • Préciser les attentes de la famille et de l’entourage.
  • Déterminer le temps de la séance et le rythme de celle-ci (hebdomadaire, bi-hebdomadaire, mensuelle…)
  • Déterminer avec la famille le lieu le plus adéquat pour la séance.
  • Décider conjointement avec le bénéficiaire et son entourage à qui les textes seront remis et sous quelle forme
Le facilitant respectera le choix du facilité de ne pas transmettre le texte, si tel est son désir.

Il est de la responsabilité du facilitant que les textes soient clairement compris et ne soient pas interprétés hors du contexte de leur expression. Le facilitant est responsable de leur diffusion, selon ce qui a été convenu avec le bénéficiaire et son entourage.

Un exemple de séances avec une personne en fin de vie

Isabelle Courrier, facilitante

Cela faisait plusieurs jours, qu’Anaëlle (prénom d’emprunt) ne parlait que par un mot à la fois et quelques hochements de tête, quand elle se réveillait de son long sommeil profond. Plusieurs personnes autour d’elle disaient : « Elle a encore quelque chose à dire, elle a encore quelque chose à nous dire ! », tant Anaëlle s’accrochait à la vie.

C’est à ce moment-là que j’ai proposé la communication en facilitation aux personnes l’entourant. Voici comment je me suis prêtée à la séance :

La famille proche devant rentrer chez elle, chacun vint lui dire au revoir. Anaëlle, qui dormait depuis plus de 8 heures, se réveille, très consciente, et souhaite rester un moment seule avec sa mère.

Quelques minutes plus tard on vient me chercher. Je propose la communication en facilitation, et après explication, Anaëlle accepte d’un hochement de tête. Sa mère à ses cotés, Anaëlle est prête, sa main est lourde, sans aucun tonus. Je sens une impulsion et… les mots s’écrivent.

A la fin du message, j’offre la possibilité de le lire à haute voix. Quand je lui demande : « C’est bien ce que tu voulais dire ? », Anaëlle acquiesce d’un hochement de tête et même de 2-3 sourires suivant le contenu. Sa mère prend le message avec émotion.

Puis, Anaëlle appelle d’une voix faible une à une les personnes présentes. Devant chacune, elle écrit sur le clavier. Entre les temps de changement de personne, elle bouge avec impatience son doigt pointé sur l’ordinateur et trouve la force de dire : « Encore, je vais mourir ».

Pendant une heure, elle a écrit, demandant à certaines personnes de revenir, et elle a même tapé un message pour une personne absente. Pendant une heure elle a écrit, elle a écrit… des messages très personnels et émouvants, puis la fatigue l’envahissant, la séance a dû s’arrêter.

Anaëlle s’est endormie, épuisée. Vingt quatre heures après ses derniers mots et sans s’être réveillée, Anaëlle s’en est allée paisiblement, comme elle le souhaitait tant, sans angoisse, sans crispation, sans suffocation.

Anaëlle connaissait vaguement la communication en facilitation qu’elle avait rencontrée au sein de son travail, mais sans y adhérer.

Elle a eu ces mots pour moi :

« Tu as donné une lumière à chacun.

Merci …, merci de m’avoir donné les mots pour tous. »

Les parents, les amis m’ont exprimé : « Merci, de nous avoir permis encore un échange très émouvant avec elle. Elle avait tellement cette envie, ce besoin de nous parler. »

Le personnel soignant était étonné de son long réveil, de sa présence d’esprit mais aussi des regards, des échanges verbaux avec la famille, du soulagement, de l’apaisement chez certaines personnes de l’entourage d’Anaëlle.