Recherche

La recherche autour de la communication en facilitation

Le public qui découvre la communication en facilitation sous ses diverses formes et plus particulièrement la Psychophanie ne manquera pas de se poser des questions sur les mécanismes en jeu dans cette approche et sur sa validité. Les facilitants eux-mêmes et l’entourage des personnes facilitées désirent mieux comprendre ce qui se passe. Enfin les étudiants en sciences de l’éducation, de par leurs travaux de mémoire qui concernent parfois la communication en facilitation utilisée dans un cadre institutionnel, amènent de nouvelles questions qui méritent réponse. Les recherches expérimentales et fondamentales devraient étudier ce qui se passe dans la relation entre le facilité et le facilitant qui semble remettre en question nombre d’acquis de notre culture occidentale.

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« Les hérésies jouent un rôle essentiel. Elles tiennent les esprits en état d’alerte. »

Hubert Reeves  – Astronome, Physicien, Scientifique (1932 – )

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« Attendre d’en savoir assez pour agir en toute lumière, c’est se condamner à l’inaction. »

Jean Rostand – Artiste, biologiste, écrivain, scientifique (1894 – 1977)

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« Si l’on ne pèche pas du tout contre la raison, on n’arrive généralement à rien. »

Albert Einstein – Mathématicien, physicien, scientifique (1879 – 1955)

À notre avis, peu de recherches sérieuses ont été menées au sujet de la communication en facilitation. Certaines de ces recherches auraient mérité d’être poursuivies avec une vérification de leurs résultats auprès de populations plus vastes pour pouvoir être validées.

Voici quelques exemples de recherches intéressantes :

En Suisse romande, nous n’avons connaissance que d’un travail de recherche qui reste également limité :

Bien qu’il ne s’agisse pas de communication en facilitation à proprement parler, mais d’utilisation du geste facilité dans des activités d’apprentissage, il est intéressant d’en faire mention ici. Ce mémoire de licence a été réalisé par Joséphine Duc et Laurence Gauchat, deux étudiantes de l’Université de Genève, sous la direction du Prof. Fredi Büchel et a pour titre : « Une technique de soutien de main sur écran tactile avec des personnes présentant un polyhandicap. Fidélité et effets d’apprentissage ».

Le texte complet du mémoire est accessible ci-dessous : MémoireListe des annexes – Annexe 1 – Annexe 2Annexe 3Annexe 4Annexe 5Annexe 6Annexe 7Annexe 8Annexe 9Annexe 10Annexe 11Annexe 12

De plus un article a été publié dans la revue Pédagogie spécialisée No 1 de février 2006 aux pages 19 à 26 (Voir Bibliographie – articles de presse). Voir le document

Ce travail a permis de montrer que l’on peut faire une observation valide et fidèle pour distinguer le geste de soutien (geste de facilitation) du geste de guidance, et que dans les activités proposées aux quatre personnes handicapées, le geste de soutien avait été utilisé beaucoup plus largement que la guidance. Il aurait été intéressant d’étudier scientifiquement les résultats obtenus par le geste de soutien chez ces personnes handicapées, mais les limites du travail de mémoire étaient dépassées. Ce que l’on peut malgré tout en dire, c’est que certaines réussites de la personne polyhandicapée n’étaient guère sous l’influence de l’accompagnant qui à ce moment fermait les yeux pour mieux sentir le geste de la personne facilitée.

Anne-Marguerite Vexiau a toujours été ouverte à la recherche et désirait avoir le point de vue des scientifiques au sujet de la communication en facilitation et des expériences qu’elle vivait. Voici deux articles très révélateurs des débats et des apports de scientifiques reconnus :

  • Conférence à la Sorbonne1 « L’énigme de la Communication Facilitée », donnée le 5 février 1997 Voir le document
  • Article d’Arthur L. Schawlow, professeur de Physique, « La Communication Facilitée est-elle un leurre ? » Voir le document

En mars 2022, le Dr. Vikram-Jaswal a donné une interview, accessible en anglais sur ce site : https://thinkingautismguide.com/2022/03/believing-in-nonspeakers-and-the-right-to-communication-an-interview-with-dr-vikram-jaswal.html

  • En voici sa traduction automatique (non corrigée) en français : Voir le document

La communication en facilitation, même si elle est pratiquée avec succès par et auprès de nombreuses personnes, rencontre de fortes oppositions, notamment dans les milieux professionnels et associatifs. Il est plus facile de trouver des détracteurs de la méthode (voir l’article concernant la CF sur Wikipédia) que des défenseurs prêts à analyser objectivement ce qui est observable. La majorité des détracteurs n’a sans doute pas pris le temps de participer à des séances de communication en facilitation, et se base le plus souvent sur les quelques recherches faites en laboratoire aux USA.

Il nous paraît intéressant de signaler cette analyse des recherches parues, qui date de mars 2022 (en anglais) : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2022.864991/full. Les recherches qui montrent les avantages de la CF s’avèrent assez nombreuses.

  • En voici sa traduction automatique (non corrigée) en français : Voir le document

Dans ce domaine, il y a une façon de se convaincre du bienfondé de cette approche : l’expérimenter pour soi-même et participer à des ateliers pratiques, raison pour laquelle l’association CF-Romandie ouvre ses ateliers pratiques à des personnes qui ont vraiment envie d’en savoir plus, en toute honnêteté et sans a priori.

Bien sûr il faut parfois se faire violence pour ne pas écouter uniquement les sirènes de notre apparente logique et des savoirs acquis lors de nos études.

Recherche appliquée

Quelques axes de recherche particulièrement utiles :

  • Modification du comportement durant la séance (signes concrets de « présence » à ce qui est écrit). Est-il possible de voir un changement de posture, de mimique, en fonction de ce qui est écrit ?
  • Modification du comportement à long terme (effets) . Reprendre et compléter les travaux du Dr Bruno Gepner en analysant également les effets à long terme pour d’autres populations que les autistes.
  • Analyse biologique ou organique (mécanique des mouvements, aires du cerveau en action chez les deux partenaires, …) pour objectiver un tant soit peu la part du mouvement volontaire chez le facilité, sa participation consciente, la participation de la personne qui facilite, …
  • Analyse de la forme des messages (syntaxe, vocabulaire). Change-t-elle en fonction des facilitants exclusivement ou les facilités ont-ils leur style ?
  • Analyse du contenu des messages (degré de précision, validations, …). Ces contenus varient-ils selon le type de handicap ? Peuvent-ils se retrouver exprimés conjointement sous d’autres formes (rêve, …) ?

Recherche fondamentale

Quelles sont les répercussions de ces observations, pour autant qu’elles puissent être valides et fidèles ?

  • Comment comprendre les divers niveaux de conscience notamment chez les personnes sévèrement handicapées ?
  • En quoi cette approche spécifique peut-elle modifier notre regard sur les personnes communément appelées handicapées ?
  • Quelles influences peuvent avoir ces observations sur nos valeurs éthiques ?
  • D’une façon plus globale, en quoi peuvent-elles influencer notre compréhension du sens de la vie ?

La nécessité d’une approche pluridisciplinaire, en incluant les chercheurs de disciplines diverses pas forcément en relation directe avec la psycho-pédagogie, nous paraît évidente. Où se classera ce type de recherche parmi les priorités du monde contemporain ? La question reste ouverte avec le souhait que notre société se donnera les moyens d’entreprendre un tel travail.

L’association CF-Romandie est positivement ouverte à la recherche. Ses membres, convaincus par leur expérience personnelle et par les résultats concrets de cette pratique, souhaitent que la communication en facilitation soit reconnue plus largement. Leur attente est que les mécanismes mis en jeu soient mieux évalués par des personnes qui ne la pratiqueraient pas forcément, mais qui auraient un regard plus scientifique.

Il est important que la pratique de la communication en facilitation fasse l’objet d’études systématiques en recherche appliquée, sur la base desquelles d’autres études en recherche fondamentale pourraient nous éclairer.

Même si les membres de l’association, composée avant tout de praticiens et de parents, n’ont que rarement la formation de chercheur, nous préconisons les démarches concrètes suivantes :

  • Privilégier la recherche sur le terrain, en acceptant de rassembler des données utiles à la recherche appliquée. Les facilitants sont invités à garder les traces les plus concrètes possibles sur leur activité, tout en préservant l’intimité des facilités et la discrétion requise.
  • Favoriser les liens avec les hautes écoles pédagogiques et les universités, notamment pour permettre les travaux de mémoire orientés vers l’application de la communication en facilitation.
  • Faire connaître les mémoires de fin de formation de communication en facilitation que doivent rédiger les facilitants certifiés qui ont suivi le niveau 2 (anciennement CF5), lorsque ces mémoires peuvent servir à la recherche.

En fait, il y a bien davantage de questions restées sans réponse que de réponses claires aux phénomènes que nous pouvons pourtant observer de façon répétée auprès d’un grand nombre de personnes facilitées. En voici quelques-unes que la recherche pourra peut-être expliciter :

  • Pourquoi des personnes ayant un comportement quotidiennement très difficile acceptent de rester dans un calme tout au moins relatif en tendant la main à un facilitant lors de séances de communication en facilitation ?
  • Comment des personnes n’ayant jamais suivi une scolarité (lecture – écriture) sont-elles capables de communiquer parfois des informations très précises au travers de la communication en facilitation alors que le facilitant ne pouvait ni connaître ni deviner ces informations ?
  • Lorsque la personne facilitée est moins autonome ou qu’elle ne regarde pas le clavier au moment où le message s’écrit (en Psychophanie, par exemple), quels sont les mécanismes en jeu qui permettent la transcription de la pensée de la personne facilitée ? Que ce soit chez l’un ou l’autre des partenaires, quelles sont les zones du cerveau en action ? Y a-t-il d’autres phénomènes en jeu ?

De ces questions découlent d’autres questions relatives aux perceptions, aux divers niveaux de conscience, aux modes et facultés d’apprentissage, à l’existence d’une zone intacte chez tout être humain quel que soit son handicap, …

S’il s’avère que la communication en facilitation sous ses diverses formes relève de la réalité, alors il faudra bien se poser toutes ces questions; et le fait d’y répondre, même partiellement, nous ouvrira peut-être des horizons que la « science » a peine à entrevoir actuellement.