Témoignages

Témoignages

Tous les témoignages de cette page présentés dans les cadres gris ont été écrits en facilitation.

Il existe de nombreux autres exemples que vous trouverez notamment dans les livres (voir la bibliographie), notre revue « Fleur de Parole », les conférences, les tables rondes des personnes facilitées, etc.

Infirmité motrice cérébrale – traumatisme crânio-cérébral

L’infirmité motrice cérébrale (IMC) est le plus souvent une atteinte de naissance, entrainant une incapacité motrice variable (une capacité à une certaine marche autonome peut parfois être possible, mais le plus souvent l’incapacité motrice est gravement invalidante) ; les sphères affectives et intellectuelles sont plus ou moins affectées, ainsi que la faculté de parler.

Le même tableau peut être constaté après un très grave accident (TTC = traumatisme crânio-cérébral).

Ces personnes peuvent communiquer grâce à la communication en facilitation. Par exemple :

Paul, 18 ans, atteint d’infirmité cérébrale

« J’ai l’humour parfois mal placé. C’est qu’il faut chercher des validations de mes écrits pour démontrer des explorations de l’esprit-âme, différente du cerveau-organe. Ma pensée puissante n’émane pas de mon cerveau délabré et rafistolé… Le corps est un réservoir, le corps est une boîte sans intérêt, mais certaines boîtes ferment moins bien et ne sont pas faites du même alliage très solide. Mon réservoir est plutôt un vieux bidon rouillé et sans couvercle adapté, mais il renferme quand même une intimité qui est mienne. »

Francis, personne cérébro-lésée suite à un grave accident

« J’entre en cohérence cérébrale avec ma facilitante et ma motricité profonde écrit sur un clavier juste avec un accompagnement de ma main.

Je vous écris grâce à mon accompagnatrice en CF qui a appris cette merveilleuse technique capable de révéler, de traduire mes pensées véritables. »

Handicap mental, polyhandicap

Sous le terme « handicap mental » sont regroupées diverses pathologies (trisomie 21, X-fragile, retard de croissance intra-utérin (RCIU), …) dont le point commun est que les sphères motrices et affectives sont plus ou moins atteintes, et les déficiences intellectuelles variables. Le langage parlé peut être peu touché ou en revanche très atteint.

Le polyhandicap regroupe des pathologies dans lesquelles les personnes sont très atteintes dans leurs capacités motrices (entrainant une incapacité à se tenir debout, à marcher, avec une dépendance complète sur le plan de la vie quotidienne), dans leurs capacités visuelles et langagières, ainsi que cognitives ; une épilepsie peut par ex. être associée à ces troubles.

Ces personnes n’en ressentent pas moins le besoin et l’envie de s’exprimer grâce à la communication en facilitation. Par exemple :

Joël, jeune adulte en situation de polyhandicap

« Les handicapés sont des personnes comme les autres qui réfléchissent et qui aiment.

Nous avons des messages à vous transmettre, mais vous ne nous écoutez pas.

Vous nous observez, mais nous aussi nous vous observons.

La vie, même si elle fait mal, vaut la peine d’être vécue. »

Nicolas, 25 ans, en situation de trisomie 21 

« Réflexion sur la relation d’amour »

« Vivre libre pour l’homme nécessite l’épuration des souffrances du passé. Ultime nettoyage pour assainir les rapports de vie, d’échange et de partage. Esclavage existe entre les hommes, qui préfèrent s’allier dans le sens de se lier, que de rencontrer l’autre dans un échange respectueux des parties de chacun. Erreur il fait, confondant dépendance avec amour. Ne comprenant pas qu’amour signifie liberté de l’autre avant tout. »

Rémy, 25 ans, en situation de polyhandicap 

« J’en ai marre de tout. Je voudrais que les choses changent mais je ne sais pas comment. Il faut changer des choses dans ma vie… Je me sens isolé, prisonnier de mon corps et de ma tête. J’étouffe, je n’en peux plus. Je rêve de grandeur et je reste petit. Je voudrais faire plein de choses et je ne le peux pas.

… Je ne suis pas ce garçon que j’aurais voulu être, c’est certain, mais je dois faire avec ce corps dans lequel je ne respire pas normalement et dans lequel je me sens à l’étroit car je suis raide et ma peau très sensible au toucher… »

Autisme

L’autisme est un trouble neuro-développemental qui se caractérise globalement par des comportements particuliers, dits troubles du spectre autistiques (TSA) : évitement du contact avec les autres, regard fuyant, persistance de stéréotypies (verbales, ou motrices, tels que des balancements répétitifs), violence contre soi-même (auto-mutilation) – voire contre les autres -, déambulations incessantes avec cris et mésusage des objets de leur quotidien. L’atteinte intellectuelle est très variable : certaines personnes en situation d’autisme présentent un potentiel intellectuel hors norme, alors qu’à l’autre extrême certains ont une déficience intellectuelle sévère ; chez ceux-ci les sphères affectives et de comportement sont très touchées, et le langage parlé souvent pauvre et répétitif (écholalie).

En communication en facilitation, ces personnes ont pu dire :

Olivier, 36 ans, en situation d’autisme

« Tout interfère. Tout est lié. C’est un grand Un… J’ai beaucoup souffert de ce que l’on cloisonne dans des tiroirs eux-mêmes dans des meubles, eux-mêmes dans des pièces bien différenciées d’administration et d’institutions, elles-mêmes compartimentées, hiérarchisées, etc. Et je peux assurer que, lorsqu’on se trouve emprisonné tout au fond de ces tiroirs, le mot prison n’est pas assez fort pour expliquer, analyser ce qu’une personne atteinte d’autisme comme moi peut vivre ! Je suis un être humain à part entière comme chaque habitant de notre planète, et bien souvent ce n’est pas l’être cérébralement évolué qui a une conscience du grand Un. Moi j’exprime l’importance de l’unité. Oui, de l’unité et de la relation aux choses, aux événements, aux animaux, à la nature, aux humains. Dès que quelqu’un se sent inférieur ou supérieur, il se coupe des autres. »

Frédéric, en situation d’autisme 

« Depuis toujours les hommes ont peur de ceux qu’ils ne connaissent pas et ils repoussent l’inconnu dans un monde qu’ils maintiennent comme étranger au leur.

Certains accompagnants, même s’ils travaillent dans nos réserves, ne se sentent pas faire partie de notre ethnie. Ils se garantissent de notre étrangeté en travaillant dans notre proximité car venir à nous vraiment, cela suppose un amour véritable pour l’humain quelle que soit son allure ou sa situation.

Du point de vue de la pensée et quelles que soient les preuves que nous pouvons donner à voir, nous sommes chacun, chacune, tout aussi légitimes que nos semblables. Nous avons une âme qui vibre devant les évènements et les rencontres, une délicatesse si fine que toute atteinte peut nous déstabiliser, nous paralyser, nous faire péter un plomb et c’est cette réalité-là que nous vivons comme nous pouvons parmi vous. »

Maladie d’Alzheimer – dégénérescence cérébrale

La maladie d’Alzheimer fait partie des maladies dégénératives liées généralement au grand âge et entrainant progressivement la perte de toutes les fonctions cognitives, motrices et langagières.

Lorsque la personne profondément atteinte ne peut notamment plus utiliser correctement le langage parlé, elle peut encore s’exprimer grâce à la communication en facilitation. Par exemple :

Hélène

« Loin de tout et de tous, le néant sans lumière, la peur, seule. Où suis-je ? Autour de moi mon âme perçoit la bienveillance, mais moi j’erre dans un labyrinthe sans fin, à chaque contour j’espère voir la sortie mais c’est un nouveau couloir qui m’accueille, si je peux parler d’accueil. J’ai perdu mon fil d’Ariane. Seule la nuit m’apporte un peu de repos. »

Accident vasculaire cérébral (AVC) et autres atteintes

L’accident vasculaire cérébral (AVC) est dû à la soudaine rupture d’un vaisseau dans le cerveau, entrainant un risque hémorragique avec lésions cérébrales ; celles-ci peuvent être réversibles dans le meilleur des cas, mais parfois se révèlent irréversibles : des lésions motrices, intellectuelles et langagières sont alors constatées.

Dans le cas d’autres pathologies, la communication en facilitation peut apporter une grande aide aux personnes concernées et leur entourage. Deux exemples sont donnés ci-dessous, le premier dans le cas de leucodystrophie, une maladie neurologique dégénérative à évolution lente, le second dans une situation de grave atteinte suite à une tentative de suicide.

Michel, aphasique et handicapé en chaise roulante suite à un AVC

Au fil des mois de l’accompagnement en Psychophanie, Michel apprivoise son nouvel état et sa nouvelle vie. Ses textes deviennent plus apaisés.

« Je m’appelle Michel. Je suis en chaise roulante et c’est difficile. C’est difficile d’accepter ce bouleversement dans ma vie, avant j’étais quelqu’un, maintenant je ne sais plus qui je suis devenu.

J’aimerais qu’on m’aide à découvrir le nouveau moi, celui qui est enfoui au fond de moi, de ce nouveau corps qui m’indispose dans sa rigidité. C’est surprenant de m’entendre penser.

Parfois on croit que je ne pense plus mais ce n’est pas vrai, je pense. Parler est difficile, et frustrant, pour moi, ce non pouvoir de parler. Je n’ai plus de pouvoir sur ma vie.

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Je dois apprendre à découvrir le nouveau moi et ce n’est pas chose aisée. Je demande à mon entourage de respecter mon rythme d’adaptation. Il me faut du temps pour que je m’habitue à mon nouvel état d’être. Deux ans, c’est à la fois si long et si court pour mon cerveau blessé.

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Exercer la lenteur c’est passer du guépard à l’escargot. Au moins l’escargot peut entrer dans sa coquille quand il est fatigué ou qu’il a peur. C’est son seul avantage. Au rythme de l’escargot j’apprivoise la lenteur. C’est long. Or, malgré tout, je suis vivant. Je suis comme certaines plantes qui ont besoin d’un tuteur pour continuer de prospérer. Avec mon tuteur, ma vie peut se poursuivre.

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Je me permets de reprendre possession de ma vie. Mes aidants m’aident à mettre de l’ordre dans mes tiroirs et à devenir pleinement acteur de ma vie. Je joue un nouveau rôle avec des partitions nouvelles aussi. Je dois réapprendre à les décoder c’est ce qui est difficile. Soyez patients avec moi car moi aussi je dois être patient avec moi-même.

Trop de stimulation, tout tourne dans ma tête et je n’arrive plus à savoir qui je suis et où je vais, c’est comme un tourbillon. J’aime les choses simples et rituelles, cela me rassure.

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Avec le temps, avec les jours, les semaines, les mois qui passent, je m’apprivoise moi-même à tel point que, petit à petit, j’oublie qui j’étais avant. Non pas qu’elle était mon identité, elle reste gravée en moi, mais les ressentis de mon corps valide. C’est comme si c’était une autre vie, une autre histoire. C’était moi avant, maintenant je suis moi de maintenant.

Avant et maintenant ont cessé de se mélanger. Chacune de mes identités a pris sa place dans son tiroir respectif. Cela me rassure. »

Yannick, 37 ans, atteint de leucodystrophie

« Cette carcasse rigide me gêne au plus profond de moi-même, mais que puis-je faire sinon supporter tout l’amour dans les soins donnés ?

J’aimerais tant les remercier de vive voix, mais mon cœur dit merci d’une autre façon, en me laissant manipuler sans résistance.

Heureux de retrouver cet outil de communication si simple en apparence mais qui est du matériel relié entre nos deux cœurs.

Tant à dire sur cette pauvre vie de corps tout endolori, tout cabossé, car c’est ce que l’on voit de l’extérieur, mais à l’intérieur rien n’est cabossé, tout est pur, car le ressenti de l’âme est authentique.

Grande paix en moi d’être lu dans ma profondeur, ça me fait du bien de respirer de l’intérieur. »

Chantal, 20 ans, devenue tétraplégique et handicapée de la parole, suite à une tentative de suicide, et peu avant son décès

« J’étais morte à l’intérieur… Ne plus se sentir aimée et ne plus pouvoir aimer c’est pire que la peste… Je ne voulais pas mourir, seulement ne plus souffrir…

Sans communication, je n’existerais plus pour personne, je serais morte…

Je suis sur le seuil et j’attends… La vie ne s’arrête pas au cimetière… »

Coma

Un état de coma est une apparente absence de conscience de soi et de son environnement. Il peut survenir, par exemple à la suite d’un AVC ou d’un grave accident : la personne concernée, sans réelle atteinte motrice, est dans l’incapacité de se mouvoir, de s’occuper d’elle-même, de parler, d’interagir et communiquer avec son entourage.

Le recours à la communication en facilitation peut alors grandement aider la personne en difficulté de parole. Exemple :

Matthieu B., dessinateur de BD, lors d’un épisode de coma survenu après un AVC

« Je ne sais pas si j’aurai la force de terminer cette lettre, que je tente d’envoyer en pensée, car l’usage de mon corps m’est le plus souvent interdit. Mes seuls souvenirs à peu près stables sont ces terribles maux de tête qui m’ont assailli, il y a – comment le savoir – des mois, des années ?

Depuis des voyages terrifiants alternent avec des instants sublimes où j’ai eu la sensation de ne faire qu’UN avec l’univers…

Parfois je vous vois vous approcher tout près de moi pour me parler, mais vous ne m’entendez pas. A L’AIDE ! SAUVEZ-MOI ! »

Personne en fin de vie

Les personnes en fin de vie, suivant leur atteinte et leur état de santé, n’ont plus toujours la faculté de s’exprimer aisément par le langage parlé.

Une grande aide à la communication peut leur être apportée par la communication en facilitation. Exemple :

Arthur, personne en situation de handicap mental, l’automne avant son décès survenu en hiver

« Mon cœur flétrit comme la fleur qui a passé l’été à être resplendissante.

Je flétris, je perds mes couleurs, je deviens l’automne de ma vie

Et le blanc de la neige fermera mes yeux. « 

Anaëlle (prénom d’emprunt)

Situation relatée par Isabelle Courrier, facilitante :

« Tu as donné une lumière à chacun.

Merci …, merci de m’avoir donné les mots pour tous. »

Cela faisait plusieurs jours, qu’Anaëlle (prénom d’emprunt) ne parlait que par un mot à la fois et quelques hochements de tête, quand elle se réveillait de son long sommeil profond. Plusieurs personnes autour d’elle disaient : « Elle a encore quelque chose à dire, elle a encore quelque chose à nous dire ! », tant Anaëlle s’accrochait à la vie.

C’est à ce moment-là que j’ai proposé la communication en facilitation aux personnes l’entourant. Voici comment je me suis prêtée à la séance :

La famille proche devant rentrer chez elle, chacun vint lui dire au revoir. Anaëlle, qui dormait depuis plus de 8 heures, se réveille, très consciente, et souhaite rester un moment seule avec sa mère.

Quelques minutes plus tard on vient me chercher. Je propose la communication en facilitation, et après explication, Anaëlle accepte d’un hochement de tête. Sa mère à ses cotés, Anaëlle est prête, sa main est lourde, sans aucun tonus. Je sens une impulsion et… les mots s’écrivent.

A la fin du message, j’offre la possibilité de le lire à haute voix. Quand je lui demande : « C’est bien ce que tu voulais dire ? », Anaëlle acquiesce d’un hochement de tête et même de 2-3 sourires suivant le contenu. La maman prend le message avec émotion.

Puis, Anaëlle appelle d’une voix faible une à une les personnes présentes. Devant chacune, elle écrit sur le clavier. Entre les temps de changement de personne, elle bouge avec impatience son doigt pointé sur l’ordinateur et trouve la force de dire : « Encore, je vais mourir ».

Pendant une heure, elle a écrit, demandant à certaines personnes de revenir, et elle a même tapé un message pour une personne absente.

Pendant une heure elle a écrit, elle a écrit… des messages très personnels et émouvants, puis la fatigue l’envahissant, la séance a dû s’arrêter.

Anaëlle s’est endormie, épuisée. Vingt quatre heures après ses derniers mots et sans s’être réveillée, Anaëlle s’en est allée paisiblement, comme elle le souhaitait tant, sans angoisse, sans crispation, sans suffocation.

Anaëlle connaissait vaguement la communication en facilitation qu’elle avait rencontrée au sein de son travail, mais sans y adhérer.

Elle a eu ces mots pour moi : « Tu as donné une lumière à chacun, merci …, merci de m’avoir donné les mots pour tous. »

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Les parents, les amis m’ont exprimé : « Merci, de nous avoir permis encore un échange très émouvant avec elle. Elle avait tellement cette envie, ce besoin de nous parler. »

Le personnel soignant était étonné de son long réveil, de sa présence d’esprit mais aussi des regards, des échanges verbaux avec la famille, du soulagement, de l’apaisement chez certaines personnes de l’entourage d’Anaëlle.

Madame A. avant qu’elle ne quitte le plan terrestre

Michel Marcadé, facilitant, vient voir plusieurs fois Madame A. durant deux semaines.

« Je peux avoir des images de mon mari. Il est là avec moi je ne peux pas parler avec lui mais je le vois. Il me sourit et je l’entends, il est très heureux parce que j’écris et il me parle. Je vois ses lèvres bouger et je couds les miennes pour voir plus dans son âme. Je crois qu’il est dans ma chambre près de vous et il est vraiment content de me voir écrire. Je dois écrire pour garder un fil avec la vie. Il faut partir mais je ne suis pas prête. »

« Faire voir à vous mes images me réjouit et je cache ma faiblesse de mourir. Tout est dit. Oui tout est dit. »

Les deux séances suivantes, très intimes, accompagneront la dernière étape du chemin, celle qui fait souvent peur, jusqu’à ce message :

« Je peux partir. »

Le lendemain, Madame A. décède.

Voici quelques articles traitant ce sujet :
  • Line Short : « Accompagnement d’Hélène en EMS de septembre 2010 à septembre 2013 » Voir le document
  • Michel Marcadé : « Psychophanie et assistance en fin de vie : Quand la porte s’ouvre vers un ailleurs inconnu » Voir le document